Les bourgeois bohèmes, les bobos dans le langage courant deffraient la chronique ces derniers temps ! La parution d’un livre a su les remettre sur le devant de la scène et au coeur de toutes les discussions.
Les bobos, phénomène ou stréréotype ?
Les bobos ont fait leur apparition en 2000, cette espèce bien spéciale a été découverte par l’essayiste américain David Brooks et il les a exposés dans son livre Bobos in Paradise. L’auteur les décrit comme des Américains ayant une « éthique commune qui mélange la rebellion des années 1960 à la réussite des années 1980 ». Le phénomène est né, et son créateur n’est autre que son meilleur ambassadeur !
Mais alors jusqu’à présent traité sous un angle américain, l’animal bobo va être dans un premier temps analysé en France par la journaliste Annick Rivoire L’Été de tous les Bobos (premier signe d’une potentielle appartenance politique ?). Elle définit alors une nouvelle espèce qui s’élève à travers la culture, avec des valeurs qui lui tiennent à cœur (le bio n’est pas devenu tendance par hasard…), mais qui va faire du paradoxe sa marque de fabrique en cherchant à vouloir concilier les contradictions.
On pourrait penser qu’en 2013 on saurait tout sur les bobos à travers les nombreux clichés : leurs couleurs sont bien entendu le beige, le rouge ou le gris ; ils habitent le long du Canal Saint Martin; ils sont des grands adeptes des produits Apple…
Mais ils sont en vérité bien plus que cela, ils ont des valeurs, et ces valeurs leur font croire en une République ! Et notre République trouve enfin ses porte-parole convaincus !
Bobos à gauche ou bobos à droite ?
Ahhh la question des bobos et de la politique ! Ils sont défenseurs de beaucoup de choses… On dit qu’ils votent les Verts, mais aussi Jean-Luc Mélenchon, qu’ils sont de gauche (bah oui ces valeurs humanistes dont nous parlions), mais au niveau du porte-monnaie la droite leur correspond bien !
Mais il faut savoir qu’il n’y a pas assez de bobos en France pour influer sur le résultat d’une élection nationale, mais ils comptent au niveau local !
Alors les bobos votent-ils vraiment à gauche ?
Prenons l’exemple de la ville de Paris (également appelé le « royaume des bobos »), les quartiers les plus bobos sont historiquement les 10ème et 11ème arrondissements, et effectivement dans ces quartiers François Hollande arrive en tête avec 42% des votes. Bertrand Delanoë a su créer un engouement en faisant de Paris, une ville dont ils ont toujours rêvée. Il est donc vrai que les bobos ont tendance à voter à gauche. Avec leurs valeurs humanistes, ils n’acceptent pas tous les partis (mais par le passé, tous les partis ont-ils pour autant joué le jeu ?)
Les bobos s’installent à présent au fur et à mesure dans tous les arrondissements. Il n’est plus maintenant question de répondre aux critères des bobos seulement dans les 10ème et 11ème arrondissements. Tout Paris doit se mettre au goût du jour !
Et ce tout Paris politique (qu’il soit de droite ou de gauche) se doit de savoir charmer ce cher électorat clé. Mais au final, il y a un autre facteur important à ne pas oublier, le bobo est différent. Le bobo va chercher à se distinguer de la masse par sa culture mais également par son vote…
« Bobobashing » Kesako ?
Ce cher bourgeois bohème est une cible importante pour les politiques mais avant toute chose, il est surtout la victime idéale ! A force de créer une caricature des bobos, leur image s’est peu à peu dégradée pour au final signifier tout et rien. Prise et reprise par les médias, l’image des bobos est ensuite saisie par les politiques. Pour la droite, les bobos sont des « apatrides, les idiots utiles de l’immigration et de la globalisation » selon Laure Watrin et Thomas Legrand. Dans leur livre ils citent les politiciens de tous les partis même ceux de la gauche de la gauche, qui les décrivent comme des « incubateurs du capitalisme, des gogos privilégiés qui singent la révolte, persuadés que leurs indignation sociétales sont subversives ».
Alors pourquoi ces fervents croyants de la République sont-ils devenus les nouveaux ennemis ?
C’est ce concept fourre-tout qui devient la prison des bobos. En réalité on s’aperçoit qu’aucun critère ne permet de donner une définition claire de qui est le bourgeois bohème ! Pourtant le bourgeois bohème est un concept fort ! Il provoque des réactions, et est souvent au cœur de tous les débats.
La cible des personnalités politiques
Marine Le Pen les prend souvent pour cible en les caricaturant lors de brunch au bord du Canal Saint-Martin.
« Je ne parlerai pas pour les bobos du boulevard Saint-Germain», a déclaré Nicolas Sarkozy, jeudi 26 avril 2012 alors qu’il était en campagne présidentielle. Ce qu’ignore (ou non) Nicolas Sarkozy, c’est que lors du premier tour des élections présidentielles de 2012, les habitants du boulevard Saint-Germain lui ont fait confiance (45,1% des votes contre seulement 27,3% pour François Hollande).
Mais qu’en est-il aujourd’hui ?
Les bobos restent toujours cette « espèce » si difficile à cerner, mais en cette période d’élections municipales (surtout dans une ville comme Paris), tous les jeux changent. Même si dans les discours politiques ils restent toujours la première cible, en vérité les partis n’aspirent qu’à récolter leur voix.
L’UMP voyant qu’il est temps d’agir a donc choisi sa candidate Nathalie Kosciusko-Morizet. Sa candidate la plus bobo-compatible : elle s’est abstenue lors du vote pour le mariage pour tous, elle dénonce la droitisation de l’UMP et maintenant avec ses cheveux lâchés, elle devient la socialiste de droite.
Quant au PS, l’héritage de Bertrand Delanoë donne un grand avantage à Anne Hidalgo pour la course à la mairie de Paris. Le maire de Paris a su créer une ville qui et donc ses actions charme envers les bourgeois bohème seront moins nombreuses. Elle semble donc correspondre aux attentes des bobos (elle part de pistes cyclables, de crèches…), en sommes elle a tout plaire.
Alors bobo ou pas ?
Début février, Le Petit Journal a même consacré une émission spéciale sur les bobos. Une rapide illustration du bobobashing avant d’avoir un petit test pour Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet.