Je ne vais pas vous faire l’affront de revenir sur la naissance du rock’n’roll, qui trouve ses racines dans le jazz et le blues, musique qui, si elle n’est pas engagée, a permis dans les années 40 à une génération de s’exprimer et d’exister dans une société qui lui fermait ses portes.
Le rock’n’roll n’est pas né pour être politique. On imagine mal un Elvis Presley, un Jerry Lee Lewis ou encore un Little Richards à un meeting politique, prêchant la bonne parole pour tel ou tel candidat. La politique, c’était des hommes sérieux en costard-cravate, bien loin du son des guitares. Un autre monde.
Du moins, c’est de cette façon qu’il a su naître et grandir aux Etats-Unis, allant même jusqu’à se fondre dans les bonnes mœurs pour ne pas heurter la ménagère moyenne et son mari (qui, devait sentir pointer une once de jalousie devant le déhanché ravageur du King).
L’Angleterre, l’après-guerre et la renaissance du Rock
Mais c’était sans compter sur l’Angleterre.
L’Angleterre et les années 50 qui voient arriver son lot de contestation et de révolte. Une nouvelle génération, bercée au son de la guitare de Chuck Berry et de ses beats entêtants est en train de naître.
Imaginez ; tout petit vous êtes biberonné à la guerre, au nazisme, à la haine et aux histoires de reconstructions. Et à l’adolescence, vous observez votre société vieillissante, affaiblie par les difficultés économiques dues aux ravages des bombardements nazis et des efforts de guerre. Et une porte de sortie s’offre à vous ; une musique qui vient de loin, une musique entraînante et pleine d’espoir. Celle du Rock’n’Roll.
Peut-être est-ce donner beaucoup d’importance, voir idéaliser l’histoire. Mais qu’importe, si la musique est salvatrice j’ose croire que les riffs de Buddy Holly et compères ont pu mettre sur pieds une nouvelle génération.
Dans tous les cas, le rock’n’roll va ouvrir les portes à une forme de contestation et de rébellion de l’ordre et du pouvoir établit. Des artistes comme John Lennon, ou Mick Jagger vont devenir les chefs de file d’une génération en quête de renouveau. Et même si leurs engagements sont loin, à la base, d’être politique, la répercussion de leurs actes et de leur musique va toucher toute une génération et leur notoriété grandissante va parfois servir à des fins politiques.
On pense bien sûr à Woodstock. Woodstock et son lot de hippies et de fumeurs d’herbe. Oui, mais pas que. Woodstock fut avant tout la manifestation du refus d’une génération face à une guerre dont elle ne voulait pas et qu’elle ne comprenait pas. Politique on vous dit. Vous n’y croyez pas ?
Peut-être. Il est vrai qu’aucun rockeur n’a ensuite continué sur cette voie. Les Rolling Stones (et autres) sont retournés à leurs préoccupations quotidiennes (mais on ne vous dira pas lesquelles). Toujours est-il que Woodstock a ouvert la voie à une nouvelle forme de Rock : le rock engagé.
Et après Woodstock ?
L’image du rockeur adolescent (même à ses quarante ans), insouciant et inconstant s’effrite et ne suffit plus. Face aux injustices et à la montée des inégalités, il ne peut s’empêcher de se donner un but : construire un monde meilleur.
Ainsi, le rock va adhérer à beaucoup de mouvements tels que celui du Black Power ou encore créer le Rock Against Racism.
Et des artistes tels que Bob Dylan vont donner de la voix à des fins plus politiques avec, entre autre une chanson qui fut l’hymne d’une jeunesse en rébellion : « The time they are a changin » ( Come senators, congressmen/ Please heed the call/ Don’t stand in the doorway/ Don’t block up the hall/ For he that gets hurt/ Will be he who has stalled/ There’s a battle outside/ And it is ragin’/ It’ll soon shake your windows/ And rattle your walls /For the times they are a-changin’)
De nos jours, le but est surtout de provoquer une prise de conscience et non pas nécessairement proposer un programme politique. C’est accompagner des mouvements politiques et non pas obligatoirement s’engager comme militant dans ces luttes politiques. Le numéro un, en tête de liste : Bono. Bono, (chanteur de U2, pour les incultes) qui n’hésite pas à participer au G8 et qui fut de nombreuses fois en lice pour recevoir le Prix Nobel de la Paix, notamment pour son engagement en Afrique.
La France et ses rockeurs
Le rock arrive très tard en France et il n’en est encore aujourd’hui qu’à ses balbutiements. Il n’a d’ailleurs plus grand-chose à voir avec ses modèles anglo-saxons, bien qu’il ait su s’imprégner d’un certain mode de pensées. Qu’est-ce que le rock français ? Pêle-mêle on pense : Johnny Halliday, Noir Désir, Trust, Mickey 3D, Indochine, Les Beruriers noirs…
Et on aura raison. La scène rock française est tellement éclectique qu’elle en perd presque son sens. Mais passons. Ce qui définit le rock français c’est son engagement politique. Le rockeur est porteur d’un message, et dans la plupart des cas (exception faite du Johnny national. Mais peut-on toujours parler de rockeur en ce qui le concerne ?), il penche à gauche. Il n’y a qu’à tendre l’oreille pour s’en rendre compte.
L’engagement dans le rock français paraît presque logique : la France, par principe aime revendiquer, contredire et se plaindre (cf le superbe article précédent). Et les artistes n’y échappent pas. Ils s’opposent ainsi à tout ce qui touche au gouvernement ou à la mondialisation.
Le rock peut donc aspirer à toucher une certaine forme de parole politique… Mais elle reste en surface et ne va pas dans le véritable fond des problèmes. Il pose des questions, cherche des raisons, et s’énerve souvent.
Le rock est enfantin. Il est puéril, incontrôlable, idéaliste, irréaliste, immoral, rebelle. Il n’accepte ni l’autorité, ni l’adulte, ni la société. Et c’est ce qui le définie.
Hum… Il me semble que l’auteure oublie Bruce Springsteen, fervent soutien d’Obama. Lequel donne de l’argent pour l’éducation et va au bout des choses, il y a un élan vital dans le rock, une force utopique qui cadre mal avec une politique effectuée par des comptables, mais pas sans noblesse pour autant.
Je pense que le but de l’auteure n’est pas des exhaustive, mais de montrer, comme le fait très bien la conclusion, que le rock est une force de protestation.
De tout temps, quel que soit le système, le rock sera là pour pointer, protester. Sans aller au bout des choses, car ce n’est pas son objet.
Article très intéressant. D’après vous, les alliances politico-rock’n’roll sont-elles subies par les politiciens ou au contraire voulues ?
C’est en effet un article très intéressant. Appréciant fortement le rock moi-même, je peux dire que je retrouve les propos de l’auteure dans la musique que j’écoute.