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Alain Juppé pourrait profiter des affaires qui secouent actuellement la droite. Le maire de Bordeaux jouit en effet d’une très bonne cote de popularité, et son entente avec François Bayrou préfigure de ce qui pourrait être le ticket gagnant pour 2017 : celui d’une droite modérée.
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Dans la lumière de Bordeaux
A 68 ans, le maire sortant brigue un 4e mandat à Bordeaux. Il occupe ce poste depuis 1995.
Les prochaines élections municipales devraient permettre à Alain Juppé de garder, sans difficulté, son fauteuil de maire. Une fois encore, il serait élu dès le premier tour ! Il faut dire que malgré une campagne électorale très dynamique et une alliance avec les écologistes, Vincent Feltesse, son principal adversaire (jeune président socialiste de la Communauté Urbaine de Bordeaux), n’a pas progressé dans les sondages.
Au-delà d’un déficit de notoriété, il lui était en effet difficile de critiquer un maire qui a fait de Bordeaux l’une des villes les plus attractives de France, et qui a été nommé « vainqueur toutes catégories » du Palmarès des maires publié par L’Express le 25 février dernier (palmarès ici).
« Il a incontestablement su mettre en valeur la splendeur de cette ville », admet, beau joueur, le socialiste Vincent Feltesse.
Mais Alain Juppé se contentera-t-il de son fauteuil de maire ? Alors qu’à 3 ans de l’échéance présidentielle, certaines personnalités politiques ne cachent pas leurs ambitions, provoquant conflits et remous au sein de leurs partis, Alain Juppé, lui, reste discret sur son avenir politique. Si on lui prête des ambitions nationales après les municipales, il préfère botter en touche. Pour l’instant, « seule Bordeaux m’intéresse », jure-t-il. Il assure être « toujours ébloui par la beauté de la ville et ses lumières ».
Pourtant, Alain Juppé a de quoi se frotter les mains. Lui qui a connu les hauts et les bas de la politique au cours de sa carrière, savoure discrètement son vent de popularité : « Quand on est au plus bas, on se dit qu’on va remonter. Quand on est au plus haut, on a peur de descendre. Je suis très serein vis-à-vis de tout ça. Les sondages, ça vaut ce que ça vaut ».
Une droite qui chavire
Ces derniers mois, de multiples affaires et scandales ont fragilisé les positions des ténors de l’UMP :
- Au coeur d’une affaire d’écoutes rocambolesque, Nicolas Sarkozy est soupçonné de trafic d’influence ;
- Jean-François Copé, lui aussi empêtré dans les affaires, est boudé par les militants ;
- François Fillon n’est toujours pas remis de l’affrontement avec son meilleur ennemi pour la présidence du parti.
S’il triomphe lors des municipales à Bordeaux, avec une victoire la plus large possible et dès le premier tour, Alain Juppé s’assurera une position de force à droite. Cette victoire lui permettra de conforter son image de leader, capable de rassembler des gens venus d’horizons variés, séduits par ses qualités de gestionnaire et de fédérateur.
Des soutiens à droite comme au centre
Certains candidats potentiels aux primaires, comme Bruno Le Maire, envisagent déjà de se rallier à celui qui caracole en tête des sondages. « Le Maire n’a jamais oublié que Juppé l’avait beaucoup poussé pour Bercy en 2011 et que Sarkozy lui a finalement préféré François Baroin », se souvient un proche de l’ex-ministre de l’Agriculture.
Si à droite la route semble dégagée, Alain Juppé peut aussi compter sur le centre. Mardi dernier (18 mars), alors qu’Alain Juppé avait précédemment affiché son soutien à François Bayrou pour les municipales à Pau, celui-ci a annoncé qu’il n’envisageait pas de se présenter à la présidentielle en 2017 et ajouté que son parti pourrait alors soutenir Alain Juppé.

Le président du MoDem François Bayrou a reçu le soutien du maire UMP de Bordeaux Alain Juppé à Pau, le 8 mars 2014
Des propos confortés par la déclaration du vice-président du MoDem, Robert Rochefort, qui a en effet laissé entendre que son parti pourrait soutenir le maire de Bordeaux s’il était effectivement candidat en 2017 :
« Si Alain Juppé devait devenir le leader d’un renouveau dans une continuité d’une droite républicaine, il est assez vraisemblable que nous pourrions peut-être envisager des choses avec lui », a déclaré Robert Rochefort sur France 2, interrogé sur un éventuel soutien du MoDem à une candidature d’Alain Juppé.
« Je n’ai pas voté pour Nicolas Sarkozy, je fais partie d’une famille politique, le centre, qui est unie et qui part du principe qu’il faut proposer une autre offre politique que celle qui a pu être incarnée par Nicolas Sarkozy », a poursuivi le vice-président du parti dirigé par François Bayrou.
Une alliance Juppé – Bayrou pourrait bien signer le retour d’une droite modérée.
Au cours de la campagne pour les élections municipales, Alain Juppé a multiplé les apparitions à des réunions publiques de soutien à d’autres candidats UMP. Une façon de de tester ses chances au niveau national ?
Les sondages au beau fixe
Autre bonne nouvelle pour l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac : les sondages lui sont de plus en plus favorables.
Le 26 janvier dernier, un sondage BVA pour Le Parisien révélait que près de 7 Français sur 10 (69%) avaient une bonne opinion d’Alain Juppé : ils le jugaient compétent, courageux, ayant des convictions profondes, de l’autorité. Après avoir été le Premier ministre le plus impopulaire de la Ve République, Alain Juppé est devenu une des personnalités politiques préférées des Français !
Si Nicolas Sarkozy reste encore aujourd’hui le favori des sympathisants UMP, le baromètre IPSOS du lundi 17 mars montre que Alain Juppé est quant à lui l’homme politique préféré des Français, droite et gauche confondues, avec 52 % d’opinions favorables (+ 6 points).
Une chose est sûre : pour le maire de Bordeaux, 2017 s’annonce sous les meilleurs auspices.